06 Nouvelle Zélande, Notre tour du monde

Jour 129 – Tongariro

22/12/2018

Sommaire

Le jour J

Une fois n’est pas coutume, on se réveille tout excité ce matin-là. On a prévu de faire le trek du Tongariro, et on attend ce moment depuis des mois alors il y a de quoi être emballé.

Fran, la gérante de notre motel nous prévient que selon la météo malheureusement, le trek pourrait être fermé pour éviter les accidents. Et dehors, le beau temps n’est effectivement pas au rendez-vous… Pluie, gros nuages gris et vent froid. On ne part pas dans les meilleures conditions. Mais visiblement, les experts ne trouvent pas la météo si alarmante et le trek est ouvert aux randonneurs.

Gorgé de courage et d’espoir, on va attendre la navette dans la rue qui longe le motel et on monte à bord. On a emmené avec nous seulement un petit sac à dos chacun avec de l’eau, de la nourriture, de quoi se couvrir, de quoi se protéger de la pluie et nos bâtons de marche.

Le conducteur nous donne à tous un bracelet en plastique sur lequel sont notés le nom de son entreprise et le numéro de téléphone à appeler en cas de problème sur le parcours. Il nous explique aussi les horaires auxquels la navette viendra nous récupérer à l’arrivée. Il y aura plusieurs passages. Et pour ceux qui seraient trop longs et rateraient la dernière, il y a la possibilité d’appeler le numéro pour qu’ils reviennent.

Ouf ! Apparemment, tout est mis en oeuvre pour qu’on survive à l’expérience !

C’est parti pour le trek du Tongariro !

Au départ du trek, le temps est encore plus moche et il fait bien frais. Le conducteur nous prévient qu’il fera très froid tout en haut et que si on n’est pas équipé, mieux vaut renoncer (et qu’il est possible à tout moment de le rappeler pour lui dire de nous récupérer côté départ). Ca fait presque flipper son histoire ^^

 Comme on le pensait, on est loin loin d’être seul. Toutes les navettes ont emmené les gens à peu près à la même heure. On commence à marcher en suivant les gens devant nous, et on est nous-mêmes suivis de tous les autres. Les paysages sont beaux, mais c’est difficile d’apprécier entre le brouillard glacé et le bruit des gens sans gêne…

La seule solution qu’on a trouvée a été de nous éloigner d’eux. Nombre d’entre eux n’étaient clairement pas des habitués de randonnée, alors on s’est motivé et en quelques grandes enjambées, on était déjà loin. Ça nous a donné un certain rythme, et on a fini par être plus tranquille.

Le calme avant la tempête

A partir de là, on commence à vraiment apprécier. Les paysages sont assez éloignés de ce que j’imaginais. On voit clairement qu’on est dans une zone volcanique. Il y a de la pierre noire partout, et la végétation semble sèche. En termes de couleur, il y a de l’orange, qui fait penser à de la lave et tout un tas de petits buissons et de mousses qui nous rappellent le bush de la Patagonie. Le tout donne une ambiance un peu sombre, soulignée par le temps déjà gris.

Le début de la randonnée est plutôt plat et sans aucune difficulté. Un chemin clair et entretenu, bien balisé, de petits pontons de bois. Ça se fait très bien, même sans entraînement.

Puis on arrive au pied d’une première montagne. Le chemin continue en empruntant un escalier de pierres. Une grande pancarte de mise en garde est située au pied de l’escalier et conseille de continuer seulement si on se sent physiquement capable et si on est équipé pour le froid et la randonnée (notamment avec de bonnes chaussures).

On voit un homme faire demi-tour. Il était venu sans veste ni sac à dos, et il avait seulement des baskets de ville. Vu la suite des événements, je crois qu’il a bien fait de déclarer forfait !

L’ascension du Tongariro

Les escaliers de pierre nous permettent de prendre de la hauteur et d’avoir une vue dégagée sur la vallée. C’est superbe.

On continue nos efforts, et on sent déjà que nos muscles tirent la tronche. Ça grimpe dur et heureusement que le sentier et les escaliers de pierre sont recouverts de petites grilles pour permettent à nos chaussures de ne pas glisser.

Plus on monte, plus il fait froid. Le vent est plus fort et le sentier, bien plus étroit, est au bord du vide. De quoi rappeler à Ben qu’il a le vertige…

L’ère glaciaire…

Arrivés en haut de la première montagne, on sort les tours de cou, la couche supplémentaire et les gants pour nous protéger du froid. La météo est de pire en pire et on n’ose même plus espérer apercevoir le moindre rayon de soleil.

La piste du trek continue en nous faisant traverser une vallée sans aucune végétation ou presque. L’air y est glacé et un épais brouillard nous enveloppe rapidement, nous privant de visibilité. On commence à avoir du mal à savoir par où continue le chemin. C’est une impression étrange de se retrouver comme ça, privé de ses sens.

Pour tout vous dire, on a l’impression d’être dans un film et on appréhende presque de se faire happer par une créature maléfique sortie des épaisses volutes de brouillard.

Après la vallée, c’est une nouvelle montée qu’on doit affronter. Celle-ci est autrement plus difficile… Le chemin est bien plus incertain et les virages moins nombreux. J’ai l’impression qu’on grimpe en ligne droite face à la montagne !

Le vent est face à nous et menace de nous décrocher de la montagne à tout moment pour nous envoyer dans le vide. Le brouillard, toujours présent, nous empêche de nous voir l’un l’autre. Le vent glacial nous congèle jusqu’à l’os et nous empêche de nous entendre. On peut juste continuer à avancer à l’aveugle, en rampant presque et en croisant les doigts pour ne pas finir au fond du gouffre.

Plusieurs fois on manque de glisser. C’est difficile d’avancer. Le vent est tellement fort qu’on peine à se tenir debout. A plusieurs reprises, on termine à quatre pattes. Enfin… je vais surtout parler en mon nom, parce que Ben ne l’avouera jamais et m’accusera de romancer les évènements… ^^

J’ai un peu peur, mais je continue, concentrée sur l’idée que je me sentirai fière de l’avoir fait.  Arrivés au sommet de cette montagne, impossible de voir autour de nous. On est dans le brouillard total. Il y a même une petite pluie fine et froide qui tombe. La déception est présente mais on est fier d’y être arrivé.

L’émerveillement

On commence la descente de l’autre côté, et c’est là que le brouillard se dissipe. Le vent fait déguerpir quelques nuages, et on découvre, comme par enchantement, le paysage qui se cache derrière. Je manque de mots pour décrire ce qu’on ressent à ce moment-là. C’est sublime…

On peut voir trois lagunes scintillantes, de couleur différente. L’une est d’un bleu turquoise profond, l’autre d’un beau bleu, et la dernière d’un vert très clair. Avec ces paysages montagneux autour, c’est d’une beauté à couper le souffle. D’ailleurs, on reste un moment sans voix, sans bouger, juste choqué de pouvoir voir pareille merveille…

Puis on commence à entamer la descente pour se rapprocher de ces trois lagunes en prenant notre temps. Le sol glisse. D’ailleurs, je termine assez rapidement sur les fesses ! C’est très pentu et il n’y a pas vraiment de chemin. On descend face à la pente, et le sol est constitué principalement de terre poussiéreuse. Plusieurs autres personnes en ont, comme moi, fait les frais. Mais il faut dire qu’on est tous hypnotisés par le décor, et que, dans ces conditions, c’est difficile de regarder où on met les pieds.

Le Mordor

En bas de cette montagne, nous arrivons dans une vallée dans laquelle on peut voir les traces d’anciennes éruptions volcaniques. A plusieurs endroits, il y a encore des coulées noires. C’est seulement là qu’on s’est pose la fameuse question : « mais au fait, le Mordor, il est où ? » Ah, ben en fait, le Mordor, star du Tongariro, c’était quand on était au milieu du brouillard et qu’on voyait rien du tout !

Bon, maintenant qu’on sait où regarder et qu’il n’y a plus trop de brouillard, on le voit quand même encore un peu… Mais on est quand même passé juste à côté sans s’en rendre compte. Quel dommage ^^

Nous reprenons la route. A partir de là, la randonnée est bien plus simple. On a du soleil, moins de vent et de nuages et la température a bien remonté. On enlève nos multiples couches de vêtements et on continue sur le chemin en profitant du paysage.

La Terre du Milieu

On longe un petit étang turquoise qui semble être au cœur d’un cratère, et après une ultime montée, on commence à voir un autre visage de cet endroit. Jusque-là, on a vu les terres ténébreuses du Mordor. Là, on commence à apercevoir les vallées herbacées du Seigneur des Anneaux. L’herbe ploie en rythme sous le vent et on a l’impression qu’elle danse pour nous inviter à découvrir son monde. Nous voilà arrivés dans la Terre du Milieu. ^^

Au fur et à mesure qu’on avance, on découvre une vue imprenable sur le lac Taupo au loin et c’est magnifique. Il est turquoise. Et avec les montagnes autour, on a l‘impression d’être dans un autre monde…

Décidément, ce Tongariro nous apporte de belles surprises ! La randonnée est maintenant très agréable, en descente, au milieu de paysages de carte postale. On ne peut rêver mieux.

Victoire !

Vingt kilomètres et 5h45 après notre départ, nous arrivons enfin sur le parking final, fatigués mais triomphants… Nous ne sommes pas les premiers mais il n’y a pas encore énormément de monde, et on est très satisfait de notre performance.

On se pose un peu pour manger. On a le temps : la première navette ne passe pas avant une heure.

Au moment où on va partir avec la navette, on voit deux garçons partir pour faire le trek du Tongariro en sens inverse, en petites chaussures et sans sac à dos (juste avec un sachet plastique à la main). On les prévient qu’ils arriveraient probablement après la tombée de la nuit et qu’il faisait très froid là-haut. Ils hésitent une minute mais décident de poursuivre leur route. Espérons qu’ils réussiront sans trop de problème…

Un repos bien mérité

La navette vient nous récupérer et on prend la route du retour. C’est très difficile de ne pas s’endormir. Tellement difficile qu’on ronfle au bout de 5 minutes. ^^

Une fois de retour au Motel The Hobbit Motorlodge, on passe un long moment à discuter avec Fran et Mark, qui nous conseillent d’aller explorer les alentours. Mais on est complètement KO et on ne pense qu’à une chose : se reposer.

On commence par aller se détendre dans le mini spa du motel. Il s’agit plutôt d’une mini piscine ronde dans laquelle l’eau est bien chaude. Mais ça suffit pour détendre nos muscles. Après quoi on prend une bonne douche et on se fait un bon petit plat.

Et croyez-moi qu’après tout ça, il ne nous fallut pas bien longtemps pour nous envelopper dans nos draps et partir au pays des rêves…

Laisser un commentaire