19/09/2018
Sommaire
La route vers la Monument Valley
Après avoir fait quelques courses au Walmart du Lac Powell, on a pris la route de la Monument Valley. Le long de la route, les paysages étaient assez semblables à ceux qu’on voyait depuis un moment déjà. De la roche, de beaux mélanges de couleurs entre le beige, l’orange et le violet, des montagnes et l’absence d’eau et de végétation.
Ce jour-là, le ciel était gris. C’était le premier jour depuis qu’on était aux États-Unis qu’on n’était pas sous un soleil de plomb. Alors, on était presque content car la température était un peu descendue.
Le parc
La Monument Valley n’était pas vraiment comme je l’imaginais. Je ne sais pas pourquoi, mais je pensais qu’il n’y avait qu’un seul « gros caillou ». En fait, il y en a pleins ! Et on se promène (en voiture) entre tous ces monuments de pierre.
J’avoue qu’on a été vraiment impressionné. Pas tant par le fait qu’il y ait de si gros rochers au milieu d’une grande vallée. Non, c’est plutôt la forme de ces rochers qui pose question sur la manière dont ils se sont formés. On sait tous que le mouvement des plaques tectoniques est à l’origine des montagnes. Mais là, il ne s’agit de pas montagnes, mais de roches raides, presque lisses, d’un seul bloc.
L’explication, c’est qu’en fait, cette vallée était, il y a bien longtemps, le fond d’un océan. Et rien que de savoir ça, et d’imaginer à quoi ça pouvait ressembler avant, et bien ça impressionne ! Et cette couleur orange rajoute quelque chose de magique à tout ça.
Le parcours du combattant
Petit détail technique : pour serpenter dans la vallée, une seule « route » en terre battue et cailloux. Elle n’est pas du tout aménagée. Il y a des trous et des bosses capables de coincer les roues d’une voiture. Il y avait de gros 4 x 4 dans le parc qui font faire le tour aux touristes moyennant paiement. Et on nous met en garde qu’il faut éviter les véhicules normaux pour faire le parcours car il y a eu de nombreux accidents.
Mais on pensait que c’était juste pour faire de l’argent en nous vendant leur tour en 4 X 4. Donc on a pris notre voiture, qui était très basse. Une fois sur « la route », je me suis dit que ce n’était peut-être pas que pour faire de l’argent lol ^^
J’ai eu très peur pour notre voiture de location… Heureusement, c’était Benjamin qui conduisait. Il avait l’impression d’être un pilote de rallye. On a été très fier de notre petite voiture. On a dû frotter un peu le dessous deux ou trois fois, mais rien de méchant. Et on est arrivé au bout du périple sans encombre. Bon, la voiture, blanche à l’origine, avait pris une teinte orangée mais ce n’est qu’un détail !
L’histoire
On s’est arrêté un moment dans le musée du parc pour en apprendre un peu plus. Car ce parc n’est pas un parc national, mais un parc tribal. Il appartient à une tribu de natifs amérindiens : les Navajo. On s’attendait à apprendre tout pleins de choses sur les coutumes de cette tribu et éventuellement sur l’arrivée des colons sur leurs terres. En fait, pas du tout ! Dans ce musée, il était surtout question de la participation de la tribu aux côtés des américains dans la première et la deuxième guerre mondiale. On a appris que les américains ont utilisé de nombreux mots du langage Navajo pour communiquer, et nommer leurs armes et leurs avions de manière à éviter que l’ennemi ne comprenne. On a aussi vu des camps d’entraînement militaires dans lesquels on leur apprenait à être des soldats.
C’était intéressant car c’était un sujet dont on n’avait pas forcément entendu parler. Mais, ça nous a donné l’impression que la tribu devait absolument mettre en avant la « fierté » d’être américain. On ressentait un genre de gêne. Un peu comme si on ne leur avait pas laissé la liberté de conserver leur identité et de l’assumer.
Les Amérindiens d’Amérique
Pendant notre périple dans l’Ouest américain, on a plusieurs fois croisé des « amérindiens », comme on les appelle. On est passé à côté des réserves. On a vu les endroits dans lesquels ils vivent. Ce sont souvent des genres de mobil-homes isolés au milieu de rien. Ils ont parfois quelques bêtes (chevaux, vaches…). Et ils ont souvent des stands de rue où ils proposent des bijoux traditionnels et des objets artisanaux de type attrape-rêve.
On aurait voulu pouvoir discuter avec eux pour savoir comment ça se passait pour eux ici. Mais on s’est mis à leur place et on s’est senti très mal à l’aise. On a le sentiment que, ici plus qu’au Canada, il y a encore de la rancœur entre ce peuple et ceux qu’on appelle les Américains.
Même si aujourd’hui tous ceux qui ont commis ces atrocités sont morts depuis longtemps, je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu un gros effort de fait pour essayer de vivre ensemble, ou bien pour réparer certaines erreurs. En tout cas, quand je me mets à leur place, j’ai vraiment mal au cœur… Ce pays est tellement grand qu’il y aurait eu de la place pour tout le monde. Mais bon… on ne va pas refaire le passé.
Réflexions
Visiter cet endroit nous a beaucoup amené à réfléchir et à nous remettre en question en tant qu’européens descendants des « conquérants » qui ont commis tant d’atrocités dans le monde entier (Afrique, DOM TOM, Amérique, Océanie… euh partout en fait…). Et à ce moment-là, on n’était pas trop fier de nos ancêtres.
Mais positivons : on ne peut pas changer le passé, mais on peut impacter l’avenir en faisant le plus de choses positives possibles et en encourageant nos proches et nos enfants à faire de même. Peut-être alors que le monde sera un meilleur endroit.
La route vers la prochaine étape
Sur ce, nous avons pris la route de notre prochaine étape : le parc des Arches. La route était toujours aussi belle et on a pu voir de magnifiques couleurs au moment du coucher du soleil. Par contre, on a vu énormément de bêtes écrasées sur le bord de la route et notamment de nombreux cerfs et biches. Et c’était frais… Du coup, on avait peur qu’un animal se jette sous nos roues. Il a vite fait noir et on ne voyait rien.
Heureusement, on n’a pas eu cette malchance ! On est arrivé dans une petite ville et on s’est posé sur le parking d’un McDonald pour avoir un peu de wifi gratuit. On en a carrément profité pour se regarder un film.
Un jeune couple, garé à côté de nous, nous a demandé si on avait prévu de passer la nuit sur ce parking. Ils cherchaient aussi un endroit où dormir. C’était des italiens de 21 ans. A ce moment-là, on n’en avait aucune idée alors ils sont partis chercher un endroit. On ne les a pas revus. Ils avaient l’air tellement jeune ! C’est à ce moment-là que j’ai imaginé ce que pouvait ressentir leurs parents. Ou encore nos parents… J’imagine que c’est inquiétant de laisser partir son enfant à l’autre bout du monde… Désolée maman !
De notre côté, comme on s’est retrouvé seul sur le parking, on est allé sur le parking d’un grand supermarché où on a vu pleins d’autres voitures avec des voyageurs prêts à aller se coucher. Il y avait tellement de lampadaires sur le parking qu’on a dû installer des rideaux au fenêtres de notre maison-voiture pour ne pas être ébloui.
Puis, la fatigue aidant, on s’est écroulé dans nos duvets, serrés l’un contre l’autre dans le froid de la nuit…