28/11/2018
Sommaire
De Corrientes à Mercedes
Le bus de nuit que nous avions pris depuis Cordoba la veille nous a déposés dans la ville de Corrientes au petit matin. À partir de là, il nous fallait trouver un autre bus pour aller jusqu’à Mercedes, la ville la plus proche de la réserve Esteros del Ibera.
Aussitôt arrivés à la gare routière, on a fait le tour des agences de bus pour savoir si l’une d’entre elles avait un bus qui partait rapidement. On en a trouvé une qui partait tout de suite et on a sauté dans le bus direction Mercedes. On a eu beaucoup de chance !
C’était bizarre, parce qu’on avançait sans vraiment savoir comment on ferait pour atteindre notre destination. Sur internet, c’était vraiment difficile de trouver des informations. À croire qu’il était impossible de se rendre à cet endroit…
Comment se rendre à Esteros del Ibera ?
Après quelques heures de route, on arrivait à Mercedes sous un temps bien gris. La saison des pluies avait commencé dans le nord de l’Argentine, et on craignait que ce ne soit bien compliqué de se déplacer dans cette partie-là.
Effectivement à Mercedes, il n’y avait pas grand-chose d’ouvert. Il était presque midi et la plupart des guichets de compagnie de bus était fermée. Celles qui étaient ouvertes n’avaient aucun bus en direction de Colonia Carlos Pellegrini, le village de la réserve Esteros del Ibera. Ça semblait mal parti…
Un homme du guichet d’information s’est approché de nous pour nous demandait où on voulait aller. Suite à notre réponse, il nous a dit qu’en raison de la saison des pluies, le bus quotidien allant à la réserve ne partait plus car le chemin était impraticable à cause de la boue.
L’alternative au bus
Il nous a dit qu’il y en aurait peut-être un le lendemain mais que ça dépendrait surtout de la météo. Nous, on était un peu dégoûté… Mais il nous a proposé une autre alternative : y aller en voiture avec quelqu’un qui nous déposerait là-bas.
Comme on n’avait pas vraiment envie d’attendre ici pour une durée indéterminée, on a choisi cette option. Le monsieur a alors passé un coup de fil et a demandé à quelqu’un de venir nous récupérer. On a juste eu le temps d’acheter des parts de pizza (encore une fois pas vraiment bonnes ^^), et la voiture était là.
Le chauffeur s’appelait Miguel et il avait un gros pick-up. Il a emballé nos sacs à dos à l’aide de plusieurs sacs poubelle pour les protéger de la pluie et de la boue. Puis, il les a mis à l’arrière du pick-up. On s’est arrêté retirer de l’argent à la banque (car là où on allait, il n’y avait rien) et on est parti.
Le trajet flippant
Il y en avait pour 3h30 de route, alors on en a profité pour discuter un peu avec Miguel, qui était très sympa. La route était vraiment au milieu de nulle part. Il y avait juste de l’herbe de part et d’autre. C’était plat. Et on voyait ça à perte de vue… Au début, la route était goudronnée, mais rapidement, on s’est retrouvé sur un chemin de terre. Et en prime, la pluie s’est mise à tomber. Je ne sais même pas comment Miguel faisait pour voir où il allait…
On s’est rendu compte que le chemin en terre s’était également terminé pour laisser place à de la véritable boue dans laquelle les roues du pick-up s’enfonçaient et patinaient.
Bien sûr, il n’y avait presque personne sur la route. Ni voiture, ni habitation. Hormis l’homme de la gare routière, personne ne savait qu’on était parti là-bas. Et il n’y avait pas de réseau. C’était quand même un brin flippant…
Perte de contrôle du véhicule
Je me disais que si on avait un accident, personne ne pourrait venir nous aider et que ça pourrait être très grave. Mais bon, me stresser pendant 3h n’y aurait rien changé alors j’ai essayé de ne pas y penser.
Le long de la route, on a vu un grand nombre de vaches, de taureaux et de chevaux. Et on a même croisé des gauchos à cheval le long de la route boueuse. Miguel leur a jeté un regard pour les saluer, et il a perdu le contrôle du véhicule…
La voiture a dérapé et s’est dirigé vers le côté de la route, droit vers le fossé rempli d’eau. Miguel a réussi à la stopper juste avant qu’elle ne tombe à l’eau. Ouf ! C’est pas passé loin…
On s’en est un peu voulu d’avoir demandé à Miguel de nous conduire jusque là-bas. Il devait encore faire le retour après.
On a compris pourquoi le trajet coûtait si cher (environ 65€ la voiture). Entre la demande de concentration du chauffeur, l’état de la route, les dangers encourus par le conducteur, les dommages possibles sur la voiture, et le fait que ça représente pour le chauffeur au moins 7h de trajet sur une même journée. Ça paraît plutôt logique de payer en conséquence…
On se rapproche du but
Sur la fin du trajet, on a aperçu plusieurs capibaras, quelques cerfs du marais et même trois renards gris. La végétation se faisait plus dense. Et on semblait être vraiment en plein cœur de la nature.
On est passé sur un pont, après quoi on est arrivé dans le village de Colonia Carlos Pellegrini. Le village en lui-même était juste constitué de chemins de terre (plutôt boueux à cause de la pluie), de verdure et de quelques maisonnettes. On ne pouvait pas être plus en pleine nature que ça.
Arrivée à Esteros del Ibera
La pluie tombait toujours quand Miguel nous a déposé à côté de notre petite auberge. Le coin était super sympa malgré la météo. Tout était vert. Il y avait des plantes tropicales un peu partout et pleins de jolies oiseaux et de fleurs colorées.
L’auberge était complètement vide hormis un couple de retraités allemands. La gérante de l’auberge nous a montré notre chambre. Il faisait chaud mais la pluie rafraîchissait un peu l’air.
On a prévu une balade en lencha (un petit bateau) dans les marécages pour le lendemain matin. Et une balade dans la jungle de nuit pour le soir. Le tout serait assuré seulement s’il ne pleut pas. On a croisé les doigts très fort. Avoir fait tout ce chemin pour repartir sans rien voir aurait été un peu décevant.
Petite soirée sympa
On a passé la fin de journée à se reposer, à travailler sur l’ordinateur et à regarder la pluie tomber. Puis la pluie s’est arrêtée et on est allé chercher dans le village un endroit où manger.
Il faisait déjà nuit et il n’y avait pas d’éclairage. Alors on éclairait le chemin avec nos téléphones. On a croisé pas mal de canards et de poules en liberté. Et aussi des chiens qui erraient dans le village. Au-delà de ça, on aurait pu croire que le village était inhabité…
Les pâtes au roquefort
La gérante de notre auberge nous avait indiqué où se trouvait le petit restaurant le plus proche. On a réussi à le trouver, malgré l’obscurité. On est entré et la pièce principale était vide. Juste un couple qui est parti peu de temps après notre arrivée.
La serveuse était souriante. Elle avait l’air contente de voir de nouvelles têtes. Il y avait pas mal de choix végétariens à la carte. On était ravi ! On a eu du mal à se décider entre les tortillas, les soupes de légumes, les pâtes en sauce, les salades et les pizzas.
On a fini par opter pour des spaghettis sauce roquefort. Nous étions assez surpris de voir une sauce avec du fromage français, alors on a voulu goûter. Et en plus, c’était vraiment abordable. On s’attendait à avoir des pâtes avec une sauce industrielle. Eh bien pas du tout ! Au vu du goût savoureux du plat, laissez-moi vous confirmer qu’il s’agissait ben et bien d’une sauce maison avec du vrai roquefort, comme chez nous…
Nous nous sommes régalés comme rarement depuis le début du voyage. On a savouré jusqu’à la dernière pâte. Et on s’est promis de revenir manger là le lendemain.
Après avoir couvert le restaurateur de compliments, nous sommes rentrés à notre auberge. Le moment de la douche était arrivé et avec lui le verdict : eau froide ou eau chaude ? J’ai commencé. Et pour moi, ça aura été eau glacée. Dommage ! Mais Benjamin, qui est un peu plus patient que moi aura eu de l’eau chaude. Propres et rassasiés, nous nous sommes endormis pour une bonne nuit de sommeil.