14/09/2018 et 15/09/2018
Sommaire
Le trajet vers Las Vegas
Sur la route pour aller à Las Vegas, les paysages restaient complètement désertiques. C’est un peu comme si on n’avait pas vraiment quitté la Death Valley… C’était très sec, sans aucune ombre ni un arbre à l’horizon. Juste de la terre, des pierres et quelques arbustes à l’agonie ou presque. Étonnamment, ce n’était pas déplaisant à regarder !
Mais pour l’heure, on avait surtout les yeux rivés sur la température affichée sur le tableau de bord… Vivement que les degrés descendent ! En fait, c’est pas descendu tant que ça… Bon, on est quand même passé de 47 à 42°C, mais ça restait plutôt très chaud.
On avait l’impression d’être au milieu de nulle part, dans une fournaise qui n’en finissait pas… Contre toute attente, on arrivait parfois à avoir un peu de réseau. On en a profité pour commencer à chercher où on allait dormir, parce que, tout naturellement, on n’en avait aucune idée.
Pour ceux qui se demanderait pourquoi on n’avait pas prévu nos hébergements à l’avance (questionnement tout à fait logique !), disons qu’en fait on avait plus ou moins prévu. On avait prévu de ne faire que du Couchsurfing dans la plupart des pays (donc de dormir chez d’autres voyageurs, en échange de quelques services et du partage d’expérience).
Sauf que ça n’a pas aussi bien fonctionné qu’on le pensait…
Donc on se retrouve complètement sans rien. Mais bizarrement, ça donne un étrange sentiment de liberté. On ne sait jamais où on va dormir. On peut changer d’endroit au gré de nos envies, de nos rencontres, des conseils et complètement changer nos plans. Je vous conseille de l’expérimenter au moins une fois dans votre vie.
Notre ami José
Bref, revenons à Las Vegas… Sur le trajet, on a écrit à José, un voyageur de Couchsurfing avec qui nous avions eu un super feeling. On aurait voulu le rencontrer au Canada, mais ça n’avait pas été possible parce qu’il avait quitté le pays pour les USA. Et justement, il était à Las Vegas et nous avait proposé de nous rencontrer.
Quand il a su que nous ne savions pas encore dormir, il nous a proposé de venir chez lui. On était ravi à l’idée de pouvoir le rencontrer et échanger avec lui. On s’est arrêté prendre une glace avant de le retrouver.
Arrivée à Las Vegas
Première impression en arrivant à Las Vegas : il n’y avait pas tant de gratte-ciels que ça, et c’était bien plus aéré qu’on ne l’imaginait. On a été agréablement surpris. On s’attendait à une ville assez étouffante, hérissée de buildings et de lumières agressives. Et en fait, pas du tout.
C’est dans cet état d’esprit positif qu’on a retrouvé José chez lui. C’était bizarre, parce qu’on avait l’impression de venir voir un ami, alors qu’on ne s’était encore jamais rencontré. On a commencé à discuter, avant d’aller prendre une douche. On ne se doute jamais du confort qu’apporte une simple douche avant de s’en retrouver privé ! Et là, vu la température par laquelle on était passé ce jour-là, la douche était plus que nécessaire…
Après ça, on s’est préparé à sortir pour manger. Avant de partir, José nous a fait écouter une symphonie de sa composition. C’était sublime ! On était très impressionné par le talent et le temps nécessaire pour accomplir une telle œuvre… José était compositeur, en plus de son travail. Si vous voulez écouter ses œuvres musicales, voilà une playlist de musiques qu’il a lui-même composées.
Soirée avec José
José avait réservé pour trois dans un restaurant mexicain pour nous faire découvrir la gastronomie de son pays d’origine. C’était un vrai restaurant mexicain, pas juste un fast food. Il y avait tout un tas de plats typiques, et l’ambiance faisait vraiment penser à ce qu’on imagine du Mexique. Il n’y avait presque que des clients d’origine mexicaine d’ailleurs.
Les serveurs portaient une tenue traditionnelle et il y avait un genre de chœur mexicain qui chantait des musiques typiques en jouant des instruments. On avait l’impression d’être au Mexique, c’était énorme. L’ambiance était très festive, et toutes les 20 minutes, le chœur se dirigeait vers une table pour entonner une chanson d’anniversaire et offrir un shooter de Tequila.
Nous avons commandé une boisson typique du Mexique sur les conseils de José. C’était complètement déroutant car il y avait des saveurs nouvelles, et c’était très bon. Pour le plat, on n’a pas été très aventuriers : burritos aux légumes avec du riz et de la purée de haricots rouges pour moi (en version non épicée), et tacos à l’avocat pour Benjamin.
Personnellement, je ne peux pas manger des trucs trop épicés. Ça me fait pleurer les yeux, ça pique le nez, ça me brûle la langue et ça me déglingue tout le tube digestif. Non, vraiment, c’est pas fait pour moi ! Mais dans un restaurant mexicain, il n’y a que ça ! Alors imaginez la tête du serveur quand José lui a expliqué, en espagnol, qu’il nous faudrait tel plat mais en version végétarienne et non épicée… Le pauvre s’est vraiment demandé ce qu’on venait faire là ! ^^
Après le repas, José nous a proposé de passer rapidement en voiture dans le fameux Strip Boulevard, la rue des casinos. Il nous a montré les différents endroits qu’il fallait voir pour qu’on puisse se repérer le lendemain lors de notre visite. Dans cette rue et de nuit, les lumières étaient un peu plus agressives que ce qu’on avait vu en arrivant de jour. Puis nous sommes rentrés nous coucher pour un repos bien mérité !
Petite matinée tranquille
On a dormi jusqu’à 9h00. La grasse mat’ quoi ! Puis on a s’est préparé et on a partagé le petit déjeuner avec José. Il nous a offert une papaye et on lui a proposé de la brioche façon chinois et des croissants trouvés dans un supermarché. On est resté discuter avec lui jusqu’à 11h00. Il nous a beaucoup parlé du Pérou et de l’Amérique latine en nous disant de faire attention aux vols. Il nous a suggéré de prendre des Air BnB, plus fiable que les auberges et motel bon marché, et pas forcément très cher.
Sur ces bons conseils dont nous avons pris note, on a remballé nos affaires, étendu notre lessive dans la voiture et sommes partis en direction d’un centre commercial qu’il nous a conseillé. Au programme : un peu de shopping pour me trouver un short confortable, et une tenue de ville (jean + t-shirt) qui ne me fasse pas sentir comme une randonneuse les jours où on va au restaurant par exemple… ^^
Quelle patience a eu Benjamin… On est resté là-dedans jusqu’à genre 15h30. J’ai fait à peu près tous les magasins ! Au début, il venait avec moi mais ça l’a très vite ennuyé. Donc il s’est posé sur les bancs dans l’allée principale du centre commercial et travaillait depuis son téléphone en m’attendant. Puis il changeait de banc quand je changeais de magasin.
On a profité de voir un magasin de type parapharmacie pour acheter de la vitamine B12. En tant que végétarien, on trouve quand même cette vitamine dans les produits dérivés des animaux tels que les œufs ou le fromage. Mais ces derniers temps, on oubliait à chaque fois d’acheter des œufs avant d’être hébergé dans un endroit où on pourrait les cuire. Et pour le fromage, celui qu’on avait était tellement industriel (fromage à burger) qu’on doutait qu’il puisse contenir la moindre vitamine… Alors autant prévoir. On prendrait directement les vitamines au besoin.
Après nos petites emplettes, et après avoir englouti un plat asiatique composé de nouilles, de légumes vapeurs et d’un nem aux légumes, on a pris un Uber pour aller dans cette fameuse rue et voir un peu ce dont tout le monde parle tant : les casinos.
Le strip boulevard
On a donc entrepris de remonter tout le boulevard à pied, en visitant à chaque fois les hôtels-casinos sur notre route. Ce qui est impressionnant ici, c’est que chaque hôtel a mis le pâté pour se différencier des autres par sa décoration et son ambiance. Ainsi, on retrouve un hôtel-château médiéval, un hôtel-pyramide égyptienne, un autre qui représente à lui seul la ville de New York avec la statue de la Liberté, un hôtel vénitien qui a carrément intégré des canaux avec des gondoles et une mini-reproduction de la ville de Venise, un hôtel parisien qui a sa propre tour Eiffel et une décoration façon rues parisiennes, un hôtel romain avec statue et monuments antiques…
Je ne pourrais même pas tous les citer tant il y en a ! On avait l’impression de se promener à Europa Park. De nombreux endroits du monde y étaient représentés. Le point commun de tous ces hôtels était de disposer de leur propre casino et d’un gros centre commercial, à l’intérieur même de l’hôtel. Il y avait même des galeries d’art. C’était à chaque fois tellement grand, que les touristes pourraient passer une semaine entière rien qu’à l’intérieur de leur hôtel ! Nombre d’entre eux disposaient aussi de la piscine, de centre de soins etc. Du luxe, du luxe et du luxe…
Dernier point commun à chaque : la clim super froide, alors que dehors il fait 40°C… Quand on a commencé à remonter la rue, il était 15h30 et le soleil faisait cuire la peau. On a dû s’enduire de crème solaire pour ne pas griller. Il faisait donc très chaud, et entrer dans les hôtels provoquait un réconfort certain. Mais c’était sans nulle doute l’effet escompté.
Les casinos
Parlons des casinos à présent. C’était assez différent de ce à quoi on s’attendait. Déjà, contrairement à la France, il n’y a pas de passage de sécurité obligatoire pour entrer. Pas besoin d’être en tenue du dimanche. Pas besoin de montrer sa carte d’identité. On a trouvé ça très curieux… Fumer y est autorisé, ce qui est plutôt désagréable. Les lumières sont assez feutrées ce qui donne une ambiance particulière. Il n’y a aucune fenêtre ce qui, je pense, empêche les joueurs d’avoir la notion du temps…
On a été assez impressionné par l’étendue de chaque casino. Impossible de voir le bout des pièces. Il y avait un nombre incalculable de machines à sous de toutes sortes, et aussi un grand nombre de tables à jouer avec croupier.
On pouvait voir monsieur et madame tout le monde affairés à insérer leurs billets dans les machines à sous. Ici, pas besoin d’aller récupérer des jetons, les machines prennent directement l’argent. C’est plus rapide ! Et il y a des ATM (distributeurs automatiques) un peu partout dans chaque casinos pour tenter les joueurs de récupérer encore plus d’argent pour le jouer.
On pouvait voir tous les profils : les mecs en costumes qui sont là pour se faire remarquer, les habitués avec leurs bières, les joueurs compulsifs, les touristes… Un point commun : tout le monde est persuadé qu’il va gagner.
On a joué
Pour ma part, je n’ai pas trop apprécié cette ambiance et je n’avais pas envie de jouer. Benjamin a voulu jouer quand on était dans l’hôtel parisien. Je lui ai donné 5$, qui n’ont rien rapporté du tout ; mais j’ai refusé qu’il joue plus car j’étais persuadée qu’on perdrait seulement notre argent. Il a un peu boudé par frustration et a même menacé d’aller retirer avec sa propre carte bancaire, persuadé que, lui, gagnerait le gros lot. C’est dingue l’influence que peut avoir le casino sur les gens. Il a fini par se raisonner et s’est contenter de bouder pendant 5 minutes…
Pour la petite anecdote, c’est au moment où on s’est assis à une machine à sous qu’on a vu qu’il y avait quand même des contrôles de faits. Deux employées sont venues nous voir successivement pour nous demander de justifier qu’on avait vraiment plus de 21 ans. Ayant 29 ans, c’est avec un grand sourire que j’ai tendu mon passeport. On nous a pris pour des petits jeunes, et je trouve ça super flatteur ! ^^
La sécurité
Après avoir parcouru le boulevard dans un sens, puis dans l’autre, on s’est dirigé tout au bout pour appeler un Uber et revenir à la voiture. Entre temps, la nuit était tombée et toutes les lumières de Las Vegas brillaient de mille feux. Magnifiques au début, elles nous paraissaient un peu oppressantes en fin de soirée…
Un truc qu’on a trouvé super là-bas, c’est que même en pleine nuit, on ne se sent pas en insécurité. C’est très vivant. Il y a du monde partout, et des policiers qui gèrent parfois la circulation vis-à-vis des piétons. Néanmoins, on a vu la différence d’ambiance entre la journée et la fin de soirée. A 23h00, il commençait à y avoir de plus en plus de personnes alcoolisées. Benjamin a aussi vu plusieurs personnes se procurer de la drogue. Là, on était déjà un peu moins serein.
La bagarre
Mais j’ai vraiment eu envie de rentrer quand on a assisté à une bagarre assez violente. On n’a pas vu l’élément déclencheur, mais on a vu deux filles en train de frapper un homme recroquevillé à terre. Elles avaient l’air de deux furies mais personne ne bougeait. Les passants se contentaient de s’attrouper et de regarder la scène…
Ces deux filles étaient habillées en sous-vêtements de style brésilien et portaient des plumes et un maquillage particulier. Elles étaient dans la rue pour proposer aux passants des photos avec elles. On imagine que cet homme a eu un geste déplacé envers l’une d’entre elles et qu’elles ne se sont pas laissées faire.
Dans ce cas, cet homme l’avait cherché, mais bon… quand même. Le mieux aurait été de les séparer… Finalement, cet homme n’a pas attendu que quelqu’un l’aide à se sortir de là. Il s’est relevé et s’est mis à rétorquer en s’en prenant à l’une des filles pendant que l’autre criait. Ce qui m’a choquée, c’est que, non seulement, il la frappait vraiment violemment, mais aussi qu’en se débattant tous les deux, ils se rapprochaient dangereusement de la route. La circulation sur le boulevard était très dense…
Quand l’homme a réalisé qu’ils se dirigeaient vers la route, au lieu de remonter sur le trottoir, il a empoigné la fille et a commencé à la tirer alors qu’elle se débattait pour la jeter sur la route… ! Tout le monde a hurlé d’horreur y compris moi, et des gens qui étaient devant nous sont enfin intervenus pour les tirer de nouveau sur le trottoir. Ça a laissé l’opportunité aux filles de partir de leur côté, complètement hystériques et sous le choc.
L’incident n’a au final duré que quelques minutes. Mais j’en ai été complètement choquée. Si personne n’avait bougé, on aurait peut-être vu cette pauvre fille se faire jeter sous une voiture sous nos yeux… J’en ai fait des cauchemars.
La nuit à Las Vegas
Après ça, je n’avais qu’une envie : quitter cette rue. On commençait aussi à être fatigué. On n’avait pas arrêté de marcher (au total 36 000 pas ce jour-là), la température n’avait presque pas baissé et on n’avait toujours pas mangé, préférant éviter les pièges à touristes.
C’est avec un soulagement certain qu’on est monté dans le Uber qui nous a ramenés à la voiture. Restait encore à manger et à trouver où dormir. Le repas fut tout indiqué : une barquette de frites au drive d’un fast food encore ouvert. Le lieu pour dormir : le parking d’un Wallmart.
Bon ce parking n’avait pas l’air d’être fréquenté par d’autres voyageurs en quête d’un lieu pour la nuit, contrairement à d’habitude. On était plus ou moins la seule voiture, ce qui nous embêtait un peu. Mais vu l’heure tardive, on n’avait pas trop le choix. A la base, on avait prévu de quitter la ville et de prendre la route de la prochaine étape. C’est pourquoi on n’a pas demandé à José si on pouvait bénéficier de son hospitalité un jour de plus. Mais vu l’heure et la fatigue, ce n’était pas une bonne idée de prendre la route…
Cette nuit-là fut probablement l’une des pires nuits depuis notre départ. Il faisait une chaleur suffocante. Dans la Death Valley, au moins, la nuit avait été plutôt fraîche. Là, c’était difficilement supportable. On a été forcé d’ouvrir un peu les fenêtres. Mais je n’étais franchement pas rassurée à l’idée de dormir les fenêtres ouvertes dans cette ville, sur un parking désert.
Le cauchemar
Vers 4h00 du matin, j’ai été réveillée en sursaut par un bruit de moteur. J’ai vu un homme à côté de notre voiture, du côté de ma fenêtre, et j’ai cru que j’allais faire une crise cardiaque. Il avait un souffleur et nettoyait le parking avec. Il a fait le tour de la voiture. Mais moi, encore dans un demi-sommeil et sous le choc de l’agression dont on avait été témoin, j’étais persuadée qu’il faisait le tour de la voiture pour mieux nous sauter dessus et nous faire du mal. A ce moment-là, une camionnette s’est approchée de nous et s’est arrêtée derrière nous, bloquant la voiture.
Grosse angoisse de mon côté. Je me suis baissée pour ne pas qu’on me voit jusqu’à ce qu’ils s’éloignent. Bon, en fait, clairement, ils étaient juste là pour nettoyer le parking (c’était une camionnette qui nettoie le sol). Mais, concrètement, qui fait ça à 4h00 du matin ?!
Après ça, impossible de se rendormir. La chaleur était trop étouffante. On s’est occupé un peu avant que Benjamin se mette à la place du conducteur et ouvre complètement la fenêtre pour laisser entrer de l’air. Ça nous a suffi pour nous endormir. C’était tellement mieux avec un peu d’air !
Le lendemain matin, on a fait quelques courses et notre toilette habituelle au Walmart avant de prendre la direction de la Valley of Fire !
On était super content d’avoir enfin pu découvrir Las Vegas. Mais je crois qu’on était encore plus content d’en partir…